Sous vos voiles avez vous
Une bouche, un menton ?
Avez vous même un cou ?
D’où sortez-vous vos sons ?
Dieu n’a-t-il pas donné
A toutes lèvres et nez ?
S’il ne l’avait voulu,
Vous n’auriez eu qu’un cul !
Et pensez-vous vraiment
Que si vos cheveux pendent,
Dites-nous sincèrement,
Tous les inconnus bandent ?
Si vos jambes apparaissent
Cela montre vos fesses ?
Voir vos doigts de peau claire
Eveille péché de chair ?
Les hommes de nos contrées
N’attentent à nos vertus
De femmes non cloîtrées
Et d’habits court vêtues.
Ils savent rester sages
Admirant nos visages,
Nos peaux nues non voilées,
Et libres, nous laissent aller !
Pourquoi vous effacer,
N’allumer aucun feu ?
On vous dit de baisser
Le regard et les yeux,
Mais nulle part Dieu n’a dit
De n’être qu’une demie,
Une portion congrue
Du monde de nos rues !
Et sous vos voiles noirs,
Fuyantes chauves-souris,
Vous n’êtes que devoir
A l’ombre des maris !
Femmes vous n’êtes plus,
Sous vos habits de glu,
Que bétail engrangé,
Que prison grillagée !
Je voudrais vous parler
A bouche toute nue,
Vos sourires partager
Et rire sans retenue !
Voir vos mains sans gants,
Les serrer ardemment,
Toucher vos noirs cheveux
Sans voile moyenâgeux ! !
J’aimerais tant vous dire,
Que nous nous sommes battues
Pour nos peines abolir
Et enl’ver nos tissus !
Pour que Chrétienne Jeanne
Rime avec musulmane,
Nous voulons vous aimer
Laissez vous dévoiler !